Véhicules autonomes : L’Europe est-elle en train de rater le coche ?

Mobilité Par Denis Vaillant -

Alors que la Chine et les États-Unis déploient à grande échelle, l’Europe peine à suivre, freinée par des réglementations strictes et un manque d’investissements massifs. Une situation inquiétante mise en lumière par un expert dans une récente interview, soulignant l’urgence pour l’Europe de rattraper son retard sous peine de perdre la maîtrise de son propre marché de la mobilité.

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La révolution est en marche… mais pas en Europe

D’un côté, la Chine et les États-Unis avancent à toute vitesse vers l’ère des robotaxis et des véhicules autonomes de niveau 4 (c'est à dire un véhicule capable de se conduire entièrement seul dans certaines conditions, sans intervention humaine). De l’autre, l’Europe semble hésitante, peinant à suivre le rythme. C’est ce que souligne une récente interview d'un conseiller scientifique réalisée par le Centre d'Etudes et d'Expertise sur la Mobilité (CEREMA). L’enjeu est de taille : il ne s’agit pas seulement d’innovation, mais d’un bouleversement total des transports y explique Hervé de Tréglodé. Pourquoi l’Europe traîne-t-elle alors que le reste du monde fonce ? Et surtout, peut-elle encore espérer rattraper son retard ?

Pendant que l’Europe réfléchit, la Chine et les USA foncent

Pendant que la France mise sur des navettes autonomes et bus sans chauffeur, les géants chinois et américains développent des flottes entières de robotaxis, capables de rouler sans conducteur dans les rues des grandes villes. Waymo (Google), Cruise (GM) ou encore WeRide en Chine testent déjà ces services à grande échelle. Pourquoi un tel écart ? Ces pays ont investi massivement dans l’intelligence artificielle (IA), véritable cerveau de ces véhicules. Pendant ce temps, l’Europe semble hésitante, préoccupée par la réglementation et la sécurité, au risque de se laisser distancer définitivement.

Un retard qui pourrait coûter très cher

Ne pas investir dès maintenant dans les véhicules autonomes, c’est risquer de voir les grandes métropoles européennes envahies par des solutions américaines ou chinoises, sans aucun contrôle local. C’est aussi un frein au développement économique : les investisseurs et les startups européennes risquent de se tourner vers les États-Unis et l’Asie. L’enjeu est énorme : rattraper le retard technologique, encourager les expérimentations et surtout structurer une industrie locale capable de rivaliser avec les géants mondiaux. Les rares collaborations entre entreprises européennes et chinoises (comme Renault avec WeRide) sont un début, mais elles restent insuffisantes.

Faut-il avoir peur des robotaxis ?

Les critiques fusent : risques de congestion, menace pour les chauffeurs de taxis et VTC, infrastructures à adapter... Pourtant, certaines villes comme San Francisco montrent déjà que ces véhicules peuvent répondre à de vrais besoins, notamment pour les femmes seules la nuit ou les enfants voyageant sans accompagnateur. Bien encadrés, ces véhicules pourraient réduire les accidents de la route, optimiser le trafic et même diminuer le nombre de voitures individuelles en circulation. Mais pour que cela fonctionne, il faut un cadre réglementaire souple et un engagement des collectivités territoriales pour anticiper ces bouleversements.

L’Europe doit se réveiller… et vite !

Attendre n’est plus une option. L’Europe doit impérativement investir dans l’IA, favoriser les expérimentations et surtout adapter sa politique des transports pour accompagner cette révolution. Des mesures comme l’accès réservé à certaines voies ou la tarification différenciée des infrastructures doivent être envisagées dès maintenant. Le Cerema joue un rôle clé pour informer et accompagner les collectivités territoriales, mais cela ne suffira pas si les gouvernements ne s’engagent pas plus fermement. D’ici 2030, le paysage des transports sera méconnaissable. L’Europe veut-elle en être un acteur majeur ou juste un spectateur ?