450.000 dos d’âne hors-la-loi en France : votre commune est-elle concernée ?

Mobilité Par Rémi -

Ils sont là pour sauver des vies, mais la plupart se trouvent du mauvais côté de la loi.

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Une prolifération inquiétante de ralentisseurs illégaux

En France, les ralentisseurs routiers, ces dispositifs conçus pour modérer la vitesse des véhicules, sont omniprésents. On estime qu'ils sont plus de 450 000 à ponctuer nos routes. Pourtant plus de 90 % d'entre eux seraient illégaux. Cette surprenante statistique s'explique par le non-respect de normes strictes mises en place depuis 1994, comme l'a précisé la Ligue de défense des conducteurs.

Ces “dos d'âne” sont jugés illégaux car ils ne respectent pas le décret n° 94-447 relatif aux caractéristiques techniques, ou sont posés dans des zones interdites. La tentation a été grande pour de nombreuses communes de procéder à des installations à moindre coût, souvent à l'encontre des directives officielles. Ce phénomène est en partie alimenté par un manque de contrôle rigoureux et de sanctions administratives tangibles.

Pourquoi nos villes débordent de dos d'âne controversés ?

Des normes souvent bafouées

Les spécificités techniques d’un ralentisseur réglementaire sont établies depuis longtemps. Un dispositif conforme doit notamment mesurer quatre mètres de long et ne pas dépasser dix centimètres en hauteur, stipulent les normes fixées par l’Association française de normalisation (AFNOR). Pourtant, ces dimensions sont fréquemment ignorées, au risque de nuire à la sécurité des usagers.

Des raisons financières alourdissent la balance

Mais alors, pourquoi ne pas simplement retirer ces dispositifs illégaux ? La réponse tient en deux mots : coût financier. La suppression massive des ralentisseurs illégaux serait évaluée entre 5 et 7 milliards d'euros selon plusieurs sources médias proches du dossier. Ce montant colossal incite l’État à temporiser, d'autant que de nombreuses collectivités peinent à équilibrer leurs budgets limités.

La responsabilité partagée des acteurs locaux

Les municipalités, souvent guidées par la prudence budgétaire, ressentent peu de pression pour agir. Toutefois, ces mêmes acteurs risquent de voir leur responsabilité civile et pénale engagée en cas d'accident sur un ralentisseur non conforme. Ce climat d'incertitude juridique crée une atmosphère où l'inertie persiste malgré les dangers évidents.

L’impact sur les usagers de la route

Dans ce contexte, ce sont les automobilistes qui supportent le poids de la défaillance réglementaire. Ces équipements inadaptés représentent des risques tangibles, notamment pour les véhicules légers ou deux-roues. Ils peuvent causer des dommages mécaniques, parfois coûteux, que peu d'assurances acceptent de couvrir, sans preuve formelle de non-conformité.

Les interminables implications techniques des dos d'âne

Comprendre pourquoi tant de ralentisseurs échappent aux normes légales nécessite de se pencher sur divers aspects réglementaires. Les exigences incluent non seulement la hauteur et la forme, mais aussi l’emplacement, comme éviter les virages serrés ou les voies accueillant plus de 3 000 véhicules par jour.

  • Interdiction sur les routes avec plus de 3 000 véhicules par jour.
  • Limitation sur les voies de grande circulation et itinéraires de secours.
  • Empêchement dans ou après un virage serré.
  • IDles restrictions strictes pour les transports en commun.

Ces règles, bien que complexes, sont conçues pour protéger les usagers. Malheureusement, elles sont fréquemment ignorées, voire contournées, par des administrations locales cherchant à réduire les vitesses sans se ruiner.

Les conséquences potentielles du statu quo

Si le Conseil d’État a momentanément clos le débat sur la démolition des ralentisseurs illégaux, de nouvelles questions émergent. Les municipalités doivent à présent se conformer aux directives légales pour toute construction future. Simultanément, il est de plus en plus facile pour les associations de déposer des recours, armées des nouvelles bases jurisprudentielles établies.

La situation invite à repenser globalement nos manières de gérer la sécurité routière. Les innovations technologiques pourraient offrir des solutions viables et moins intrusives, comme des systèmes de signalisation intelligents. En attendant, les usagers de la route font preuve de vigilance, tout en espérant que cette réglementation inertielle ne laisse pas place à des imprudences regrettables.