Ras-le-bol des cyclistes ? Ce que les chiffres disent vraiment de la cohabitation sur la route
Sur la route, l'agacement monte souvent entre deux et quatre roues.

Un malaise partagé sur l'asphalte
Que l'on soit au volant, au guidon ou même à pied, l'espace public routier est devenu source de tensions. La multiplication des modes de déplacement dans nos villes et sur nos routes rend la cohabitation de plus en plus complexe. Ce n'est pas qu'une impression : les chiffres confirment cette anxiété généralisée.
Selon une étude récente de la Fondation VINCI Autoroutes, une écrasante majorité d'usagers, tous modes confondus, redoutent avant tout les comportements à risque... des autres ! Près de 95% des personnes interrogées partagent cette crainte.
Cette peur n'est donc pas l'apanage d'un seul camp. Avant de pointer du doigt le cycliste qui "grille" un feu ou l'automobiliste qui "serre" d'un peu trop près, il faut reconnaître que la méfiance est devenue la norme sur nos chaussées.
La peur dans le rétro et sur le guidon
Les craintes sont communes, mais spécifiques à chaque type d'usager. Les cyclistes redoutent particulièrement l'agressivité au volant, 87% exprimant cette peur. Les automobilistes ne sont pas en reste avec 88% craignant cette même agressivité.
Ls piétons se sentent également vulnérables, 93% craignant qu'une voiture ne s'arrête pas au passage protégé, et 80% déclarent avoir déjà été frôlés de près par un vélo ou une trottinette sur un trottoir.
Le paradoxe français : champions de la méfiance à vélo ?
Lorsqu'il s'agit de se sentir en sécurité à vélo, la France fait figure d'exception... dans le mauvais sens du terme. Alors qu'en moyenne 80% des cyclistes européens se sentent en sécurité, ce chiffre chute à seulement 59% dans l'Hexagone. C'est le taux le plus bas parmi les 11 pays étudiés par la Fondation VINCI Autoroutes, bien loin des 93% affichés aux Pays-Bas.
Ce sentiment d'insécurité contraste avec certaines données d'accidentalité. En 2023, la mortalité cycliste a baissé en France, notamment en ville (-13%) malgré une pratique en hausse, selon l'Observatoire National Interministériel de la Sécurité Routière (ONISR). Pourtant, la perception générale reste très négative, avec des disparités locales fortes.
Les principales sources de cette anxiété routière généralisée incluent :
- La peur des comportements à risque des autres usagers (97% des cyclistes, 95% des automobilistes).
- La crainte de l'agressivité des conducteurs motorisés (ressentie par 87% des cyclistes).
- L'appréhension des piétons face aux véhicules ne respectant pas leur priorité (93%).
Sortir de l'ornière : au-delà du "c'est la faute de l'autre"
Ces chiffres dessinent un tableau complexe, loin des caricatures habituelles de l'"automobiliste contre le cycliste". Le véritable enjeu est celui du partage d'un espace public contraint et de la nécessité d'une meilleure compréhension mutuelle. Blâmer systématiquement l'autre camp ne fait qu'alimenter un conflit stérile.
Il est crucial de garder à l'esprit la vulnérabilité de chacun, en particulier celle des usagers non-carrossés. Si le sentiment d'insécurité des cyclistes français est élevé, il faut aussi noter une tendance préoccupante : entre 2019 et 2023, le nombre total de cyclistes tués sur les routes françaises a augmenté de 18%, rappelle l'ONISR. Ce chiffre souligne que l'amélioration de la sécurité passe par des efforts collectifs.
Cela implique des infrastructures plus sûres et mieux adaptées, mais aussi une prise de conscience individuelle. Respecter le code de la route, anticiper les réactions des autres, faire preuve de courtoisie : ces règles de base s'appliquent à tous, quel que soit le nombre de roues sous nos pieds ou sous nos fesses.
Vers une cohabitation apaisée ?
Alors, faut-il vraiment en vouloir aux cyclistes ? Ou aux automobilistes ? Les chiffres montrent surtout une peur et une méfiance largement partagées, alimentées par des comportements dangereux et un sentiment d'insécurité persistant, particulièrement en France pour les cyclistes.