Malus écologique : une taxe auto déguisée qui frappe surtout les familles ?

Mobilité Par Rémi -

Quand l'écologie devient le prétexte parfait pour ponctionner toujours plus le portefeuille des automobilistes français.

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Le marché de l'occasion n'est plus épargné

Un nouveau coup dur attend les automobilistes : dès janvier 2026, le malus écologique s'étendra aux véhicules d'occasion qui n'y étaient pas soumis lors de leur première immatriculation. Cette mesure cible particulièrement les voitures immatriculées avant 2008, avec des conséquences potentiellement dévastatrices sur le marché. Les premières estimations évoquent une dépréciation pouvant atteindre 30% pour certains modèles, touchant de plein fouet les ménages modestes qui privilégient les véhicules anciens plus abordables.

Contexte : un durcissement réglementaire sans précédent

En 2025, le malus s'est considérablement durci avec un seuil d'émissions abaissé à 113 g/km et un malus maximal porté à 70 000 €. Cette évolution s'inscrit dans une trajectoire agressive qui verra le seuil diminuer progressivement jusqu'à 99 g/km en 2027, tandis que le plafond grimpera à 90 000 €. En parallèle, le malus au poids s'est également renforcé, s'appliquant désormais aux véhicules dépassant 1,6 tonne.

Cette escalade fiscale s'accompagne d'une réduction drastique des aides à l'achat de véhicules propres. Le bonus écologique, qui constituait la "carotte" face au "bâton" du malus, ne cesse de diminuer, passant de 4 000 € à 3 000 € en 2025.

  • 2025 : seuil à 113 g/km, malus maximal 70 000 €
  • 2026 : seuil à 106 g/km, malus au poids dès 1,5 tonne
  • 2027 : seuil à 99 g/km, malus maximal 90 000 €

Une mesure fiscale controversée

La critique est unanime dans le secteur automobile : ce dispositif ressemble davantage à un impôt déguisé qu'à une mesure environnementale cohérente. Luc Chatel, président de la Plateforme automobile, dénonce une "menace pour l'industrie" tandis que les grands patrons comme Carlos Tavares pointent une mesure qui "ne favorise ni les citoyens ni les constructeurs".

Le malus touche désormais un véhicule neuf sur deux, y compris des modèles populaires comme la Clio ou la 208, transformant une taxe initialement destinée aux véhicules de luxe en impôt de masse qui pèse lourdement sur les classes moyennes.

Les familles, principales victimes collatérales

Les véhicules familiaux sont particulièrement impactés par cette double peine : malus CO₂ et malus au poids. Un monospace 7 places peut désormais se voir appliquer une taxation supérieure au prix d'un modèle d'entrée de gamme, malgré le dispositif d'abattement pour familles nombreuses jugé insuffisant.

Cette situation crée un paradoxe écologique : alors qu'un grand véhicule transportant toute une famille est souvent plus vertueux que plusieurs petites voitures, il se trouve davantage pénalisé. Les familles "classiques" avec deux enfants, qui ne bénéficient d'aucun allègement, sont particulièrement touchées.

Solutions et alternatives pour les ménages

Face à cette pression fiscale, plusieurs options s'offrent aux familles : l'exploration du marché de l'occasion (tant qu'il n'est pas concerné), la conversion au bioéthanol E85 qui bénéficie d'une fiscalité avantageuse, ou encore l'orientation vers des modèles hybrides plus légers. Les véhicules électriques constituent une solution de long terme, mais leur coût d'acquisition reste prohibitif pour beaucoup.

De nombreux ménages optent également pour des stratégies d'optimisation, comme l'achat de deux véhicules plus petits plutôt qu'un grand monospace, même si cette solution va à l'encontre de la logique environnementale. D'autres privilégient la location longue durée qui permet d'amortir le surcoût sur la durée.

Un avenir incertain

Le durcissement constant du malus écologique pose la question de sa soutenabilité sociale à long terme. Si l'objectif de transition écologique est louable, les moyens employés semblent ignorer les réalités économiques d'une grande partie de la population.

Reste à voir si le gouvernement saura trouver un meilleur équilibre entre impératifs environnementaux et justice sociale, peut-être en renforçant les dispositifs d'aide pour les ménages les plus impactés.